mardi 1 juin 2010

Part One.

Le matin du premier juin était pluvieux...humide et froid.

J'étais chez mes amis A-C et S, pour la fête à S. On avait passé la nuit la, moi et le chéri (qui était pas encore le chéri à ce moment-là). Le chéri m'avait ramené chez moi vers 10h, car ma cousine et sa marmaille venaient passer la journée à la maison.

Je rentrai à la maison familiale pour retrouver mes parents. Pour une raison X, j'étais fachée après la femme de mon père ma mère. Je m'attendais à ce qu'elle grogne sur le fait que j'avais dormi dans la même chambre que le chéri-qui-l'était-pas-encore-redevenu ... après tout, elle l'aimait pas.

Le chéri pis elle, c'était la guerre.

Mais elle a pas chialer. Mais j'étais quand même frustrée après elle. J'avais tellement anticiper une guerre que je m'étais mise dans le mood frustrée.

La journée passe, la marmaille est là, ma cousine avec. Et moi je suis une vraie bitch avec la femme de mon père ma mère. Pis le pire, c'est que pendant la journée, à chaque fois que je lançais une vacherie, je me disais 'Veux tu ben te calmer maudite folle, elle t'as rien faite'... mais pourtant j'étais dans un mood de défi. Genre... maudite effrontée qui attent juste de s'faire gueuler dessus par pure satisfaction de pas avoir halluciner de tention potentielle.

Et pourtant, la femme de mon père ma mère qui avait un caractère explosif, près à prendre en feu à la moindre flamèche, était si calme. Et elle me réprimandait pas. Ce qui avait pour effet de me primer encore plus...

On jase de tout et de rien. La femme de mon père ma mère parle du show d'humour que je l'ai emmenée voir à la fête des mères, trois semaines plus tôt. Rachid Badouri. Elle avait trouver ça excellent. Pis ensuite on parle de bouffe, comme quoi le souper est bon, du poulet mariné. Pas trop gras. On chiale sur le gras de viande. La femme de mon père ma mère ricane. Elle parle de ses gouts pour la bouffe un peu plus grasse, même si c'est mauvais pour son cholestérol.

-Moi j'aime assez ça, le gras de steak....

(Si tu savais la portée de ces paroles là...)

Et moi de lui répondre, dans ma désinvole de ce jour là...

''C'pas ben ben surprenant que t'aie des douleurs dans l'coeur avec c't'ostie d'habitude là...''

Fidèle à elle même ce jour là, j'ai pas eu droit à une pluie d'bétises. Mais ma cousine, infirmière, parle à ma mère. À son âge, avec le cholestérol et le tabac, faut pas niaiser avec les douleurs à poitrine... Moi je lève le ton, en disant que ça fait des mois que je la baratine avec ça mais qu'à veut rien entendre. Et la femme de mon père ma mère qui sort des excuses bidons, du genre 'qui qui va s'occuper de la bibliothèque de la ville? Qui qui va s'occuper de l'organisme qui aide les défavorisés de la ville?... Qui qui va faire mon lavage!? Come on Mom, j'sais le faire seigneur...

(Pis au point ou en est, ça revient au même...)

On rechange de sujet, avec l'ambiance un peu tendue.

Vers 8h le soir, ma cousine et sa marmaille sont sur le point de partir. Ma cousine m'accoste.

Elle et moi, on est en train d'organiser un super surprise party pour le 25eme anniversaire de mariage de mes parents. Salle réservée pour le 28 juin au restaurant préféré de la femme de mon père ma mère, avec le band de mon amie J-La-Diva dont mes parents sont méga fans. Les invitations sont lancées et tout ça...ça va être trippant.

On se fait la bise et on retourne en dedans, et on relaxe. On lave la cuisine, on prend nos bains/douches. On écoute la tévé. Moi j'suis sur le lay-z-boy une place, mon portable s'é genoux. J'pitonne, fidèle à mon habitude.

Vers minuit et demi, j'entend la femme de mon père ma mère grogner. J'me retourne, avec un regard meurtrier comme j'lui ai fait toute la journée. Comme depuis les 5 derniers mois, une fois par jour à peu près, je la vois là, les yeux fermés, sourcils froncées...et main au coeur. Ça la pince, ça la brûle.

Je baisse ma garde un peu...

-Mom, sérieux...ça pu d'allure... appelle une ambulance, faut que t'aille à l'hôpital...

Elle fait rien.

-Mom... s'te plaît... fait toi juste checker...

Elle relève les yeux, en douleur et fachée.

-Non non...c'correct... ça va passer..

J'me lève.

-Crissti mom, t'attend tu qui t'arrives vraiment de quoi là? T'es peut-être en train de faire une crise de coeur! J'ai pas un bon feeling... J'vais t'appeller une ambulance-

-Veux tu ben me CALISSER PATIENCE AVEC TES OSTIS D'HOPITAUX!?

J'reste là, stoïque. Coup de fouet. Je remet mon visage de p'tite enfant bitch, qui à le charactère à sa mère.

Et je lui dit.

-Tu veux pas te faire soigner!? Ben crève donc calisse.

(Belle épaisse que j'ai été..)

Je me rassois à mon ordi. Elle, elle dit rien. Elle essaie d'aller se coucher.

Elle me dit ''Bonne nuit minoune, je t'aime''. Moi...j'répond pas.

Elle a trop mal. Se relève. Se rasseoie sur le sofa. Elle à toujours mal.

À un moment c'est pu supportable. Elle s'en va vomir. Moi je reste là, pis j'la regarde même pas. J'm'inquiète à la puissance 10, mais mon charactère de marde m'empêche de l'aider. En y repensant, j'aurais du l'appeller, l'ostie d'ambulance...

J'étais sur Emèssène avec Zoizo, dont c'était la fête ce jour là. Et je lui parle de ma mère qui a encore mal à poitrine.

1:05 Z: C'est ben pas cool...j'espère qu'a va être correcte :s
1:05 GDS: Ben check..a veut pas faire c'qui faut, a peu ben crever. J'tannée d'me démener à sa place...
1:06 Z: Ouin.. mais j'espère qu'à l'attendra pas trop longtemps...
1:06 Z: En tout cas, j'dois aller dormir... demain V m'emmène che Tutti Frutti..Gratuit le jour de sa fête :p
1:07 GDS: Chanceuse :p profite...bonne fête encore!
1:07 Z: Merci :D...
1:07 Z is now offline

La femme de mon père se lève de son sofa. Elle respire fort.

-J'tannée... j'ai trop mal... j'm'en vais réveiller ton père... On s'en va à l'hopital...

Mes doigts se crispe.

-Y'était fucking temps que tu te déni THUD. ai..se.

C'est quoi qui est tombé à terre.

J'me lève et me retourne.

Les genoux à ma mère. Sur le bois franc.

Elle inspire un coup, fort...

Elle tombe sur le flanc. Se tient la poitrine.

Pas un son. Elle me regarde. Les yeux mouillés. Terrorisés. Elle inspire un autre coup.

...

-PAPA! PAPA! M'MAN EST TOMBÉE! M'MAN EST TOMBÉE!! TABARNAK M'MAN EST TOMBÉE!

Je continuais à hurler qu'elle était tombée...même si mon père était déjà là, à coté d'elle. Elle inspire. Elle a des spasmes.

Moi je panique. Ma mère est tombée. Ma mère respire mal. Mon père appelle le 911, et fais les manoeuvres de réanimation. Moi je parle au chéri sur msn, et je lui dit de s'en venir.

1:11 GDS: Chéri..maman est tombée sur le plancher.
1:11 GDS: À respire pu...
1:12 C: WTF...
1:12 GDS: Fais juste t'en venir...tout d'suite..ça presse...

Je pitche le portable à terre et je prend mon cellulaire. J'appelle mon meilleur ami, malgré qui soit une heure et demi du matin, un lundi...

Lui: ... Allo...?
Moi: M-A?! C'est Grain..écoute...chu désolée de t'appeller à c't'heure là...mais ça va pas..vraiment pas...
Lui: Ben voyons...c'est correct...qu'est c'qui a...calme toi...
Moi: M'man est tombée sur le plancher. Pis a s'relève pas. Pis a respire pu...
Lui: ..... fuck..

Et je me mets à pleurer et à délirer. Je vire complètement dingue. Dehors, ya des lumières qui flashent. L'ambulance...

-L'ambulance vient d'arriver...j'dois te laisser...

-Rappelle moi si ya de quoi...soit forte...

Click.

Je retourne auprès de ma mère, qui n'a pas inspirer depuis au moins 3 minutes.

-Maman, inquiète toi pas, les ambulanciers sont là, y vont t'aider...

Et je mets ma main...sur son coeur.

...et je sens rien.

Aucun beat. Aucun battement.

Ma mère est blanche, les yeux trempés et revirés, les lèvres bleus....

A respire pu...

Et son coeur bat pu...

Je regarde mon père, qui est tellement zen...

Les ambulanciers entrent avec leur stock. Un défibrilateur. Moi je regarde...

Ils branchent ma mère. La ligne sur la machine reste pas droite...elle curve par en bas. Ils lui envoient un choc... aucune réponse.

Deux chocs....aucune réponse...

Trois...Quatre...

Rendu là, si elle se réveille, il va y avoir des dommages cérébraux importants...

Cinq....Six.........Sept.....................Huit............

Neuf.........

Dix.

Les ambulanciers l'embarquent, la posent sur la civière. Pendant qu'on l'attache, j'aggripe le bras de l'ambulancier. Je le fixe.

-Écoutez. Je vais avoir 20 an dans 15 jours. Ma mère est peut-être en train de me crever dans face. Dîtes moi ce qui se passe.

Y me fixe, silencieux. Finalement, le coeur pèse contre le secret professionnel.

-Nous on a fait c'qu'on a pu. C'est au tour de l'hopital de faire c'qui peuvent pour la ramener....

J'ai la gorge sèche. Les yeux innondés.

-Merci...

Et je les vois partir avec ma mère...Au dernier moment, je me jette dans la rue. Il est 1:30 du matin.

Au passage, je vois les lilas de ma mère. Tous en fleurs. Tous ouverts, malgré l'heure tardive. Ils dégagent le parfum préféré de ma mère.

Me voilà au beau milieu de la rue et de la rosée. Je vois les lumières rouges partir...

Et je hurle. Je vocifères.

-MAMAN! MAMAAAAN.... TU PEUX PAS PARTIR...TU PEUX PAS M'LAISSER TOUT SEULE.... TU PEUX PAS M'ABANDONNER...J'T'AIME MAMAN...J'VEUX PAS QUE TU MEURS... J'LE PENSAIS PAS TU L'SAIS...ABANDONNE MOI PAS....REVIENS MOI MAMAN CALISSE....R'VIENS MOI....MAMAAAA-

Je suis interrompue par une magistrale claque derrière la tête, offerte gracieusement par le mari de ma mère mon père.

-Calme toi. Yé une heure du matin. Réveille pas l'monde.

Des lumières apparaissent dans la rue. C'est le Chéri qui arrive avec son char. J'embarque. Papa prépare ses trucs pour nous rejoindre à l'hopital. Chéri roule vite, moi je pleure.

Arrivés à l'hopital, on nous installe dans une salle d'attente privée.

Mon père est pas à l'aise.

-C'est trop ben arrangé....

La porte s'ouvre. Un docteur, et une assistante.

-Bonjour messieurs, mademoiselle. Je suis le docteur Nicholson. C'est moi qui s'est occupée de Dominique.

On retient notre souffle. Je sers la main de mon père.

-Écoutez... on a fait tout ce qu'on a pu...

Mon père se pogne la face. ''Ben non..voyons donc..'

Moi j'écarquille les yeux... et je me plie. Je hurle. Je pleure.

Le Chéri, en face de moi, se met la main sur la bouche. Et les larmes coulent aussi.

Le docteur s'excuse. Il est désolé. Il a tout tenté.

Mais ma mère n'est pas revenue.

Elle est partie.

Ma mère, la femme qui m'a donné la vie, qui m'a fait grandir, qui m'a porté en son être pendant 9 mois. Ce coeur qui a été le mien pendant le début de ma vie...

...venait de s'éteindre.

Le 2 juin 2008, aux alentours de 2h du matin, le docteur Nicholson, de l'hopital Hotel-Dieu, a déclaré ma mère, Dominique Lemay, morte d'un infarctus massif du myocarde gauche. Elle avait 56 ans.

Au moment ou j'écris ses lignes, on est le matin.

Le matin du premier juin. C'est un matin pluvieux...humide. Froid.

7 commentaires:

  1. Ca me fait tellement capoter ce que t'as écrit... c'est les larmes pas juste aux yeux, mais aussi sur les joues que je t'écris mon commentaire...

    C'était comme si je revivais notre conversation, et tout l'épisode du lendemain matin m'est revenu en même temps...

    <3 Love you, tention à toi ce soir, je sais que c'est dur, mais je sais aussi que t'es forte!

    ...Et on mange du gâteau demain soir :)

    RépondreSupprimer
  2. Salut...C'est la première fois que j'ai la version intégrale de l'histoire. Mes mains tremblent. Ma gorge est nouée.

    Djou...c'était pas de ta faute. On use de méchants mots comme ça, sans y penser. Il a fallu que ce soit les derniers que tu lui dises. Ironie de marde de la vie.

    Je n'ai pas oublié non plus. J'ose en parler par écrit. Au salon, je pleurais. Mais je t'avais vu si...forte. Ma conception de toi a changé à jamais. Tu es une femme extraordinaire, et ta mère, où qu'elle soit, doit être si fière de t'avoir mise au monde.

    Je t'aime Djou.

    RépondreSupprimer
  3. Ouff, très touchant ce que tu as écris-là. Je compathie avec ta peine,j'ai les larmes aux yeux.

    Écrire est tellement libérateur,continue ma belle, nous on est là pour t'écouter :)

    RépondreSupprimer
  4. Grain de sable...

    Tu sais, je sais que se faire dire que la vie c'est comme ça, c'est la pire chose au monde.

    Mais d'une certaines façon c'est vrai. C'est une dur épreuve que tu as vécues là ... et je suis d'accords que ça a fait de toi une femme plus forte.

    Mais elle est là ... chaques seconde ... et elle le sait ... que tu l'aimes !

    RépondreSupprimer
  5. Salut ma belle, à te lire j'ai les larmes aux yeux... J'suis désolée, j'sais pas quoi t'écrire, y a aucun mot qui console de ces douleurs là, je le sais bien... Y a que le temps qui peut aider, et le temps... C'est long...
    Bon courage, je pense fort à toi.
    Tessa

    RépondreSupprimer
  6. Bon ca y est, tu m'a mise dans tous mes états...

    si tu savais... je comprends!!

    ça me fait chier d'habitude les gens qui disent ça, mais je sais que tu sais que je comprends.

    C'est toujours les pires journées en!!! Me semble moi aussi que... à chaque année c'est jamais une belle journée!

    RépondreSupprimer
  7. Merci à tous pour les gentils commentaires...je savais que j'allais susciter des réactions...mais tant de larmes? ohlala...

    Psychose: étonnament, mon 2 juin a été une belle journée... Mon gars a été fin, mes amis ont été super (Stéphanie présente ci haut qui m'a invité à manger son gateau de fête entre autre xD). Et il a fait beau. Mais on se dit toujours que c'est cette journée là que la terre à revirer de bord pour nous.

    Et je sais que tu comprends. Même qu'à mes yeux, tu l'as eu plus rough que moi.

    Maladresse: Ca reste dans l'ordre des choses en effet :)

    Max: Je m'étais douter que t'avais pleurer lol Je te connais quand même :)

    Merci vraiment à tous pour le support, et pour avoir pris le temps de lire ma mésaventure... au dépend de vos larmes ;)

    RépondreSupprimer